jeudi 15 mars 2007

Arts, artisanat et tourisme à Kpalimé.


Kpalimé c’est la ville des artistes au Togo, située dans le district de Kloto à proximité de la frontière avec le Ghana. Nichée au creux des montagnes de l’ATAKORA, la ville accueil le Collège d’Enseignement Artistique et Artisanale (C.E.A.A.). Futurs artisans et futurs artistes y suivent un enseignement les préparant pour le bac, parallèlement à une formation technique : sculpture sur bois, batik, couture, macramé etc..




Monsieur LOTA Belagnima y est professeur de dessin et artiste peintre. Il explique qu’au Togo on juge d’abord la valeur d’un artiste sur son niveau d’étude avant même de regarder la qualité de son travail. Le C.E.A.A. est pourtant, potentiellement, un formidable outil. Mais si en apparence une certaine activité règne dans les ateliers, tout les cours ne sont pas assurés. Ainsi il n’y a aucun professeur d’histoire de l’art et donc aucun cours sur les arts traditionnels, leur histoire et leurs évolutions. Monsieur Loti ajoute encore qu’ici les élèves apprenne les techniques de base mais qu’aucun suivit artistique n’est assuré. En conséquence, les artisans qui sortent de l’école auront bien du mal à devenir des artistes.




Avec le C.E.A.A. la ville à attirée bon nombre d’artisans mais aussi d’artiste, qui comme Ignace VOVOR explore les formes traditionnelles mâtinée de « vaudou ». Au travers d’œuvre qui sont le reflet de son temps, Ignace propose d’explorer les réalités sociales et politiquer du Togo. C’est pour cela que ses assemblages rassemblent tant des objets du quotidien que des objets de cultes, comme ces forme masculine et féminine de la tradition vaudou, assemblées dans simulacre de sacré.

Dans son petit atelier galerie, Ignace Vovor invite les curieux à s’interroger sur son travail. Et les premiers sont les togolais eux même pour qui cette liberté de formes et de créations semble totalement inédite. Ignace très conscient de cela s’est d’ailleurs engagé dans une démarche d’ouverture et d’éducation aux arts. Ancien professeur, il sillonne la région présentant et expliquant ses créations tantôt dans des écoles tantôt à qui veut bien l’écouter. Cette démarche, vraiment pédagogique, entremêle de la sorte théâtre, déclamation, peinture et sculpture. Il explique qu’au début, quand il venait d’ouvrir son atelier, il avait placé à l’extérieur une de ses sculptures et que les gens s’arrêtaient pour commenter, le traitant de fou s’en comprendre. Puis petit à petit cette forme est entrée dans les habitudes et à permit au curieux de venir s’intéresser au reste de son travail. Enfin, plusieurs hôtel et bar de la région lui ont pris des œuvres pour les exposer dans leurs établissements. Ses œuvres pour originale qu’elles sont renvois pourtant immanquablement à une image « d’Afrique » et du Togo plus particulièrement. Il est vrai aussi que la différence avec le travail des artisans est nette. Mais quelque fois, la maîtrise de certain de ces sculpteur sur bois ne peut manquer de nous renvoyer à l’art. Malgré la fabrication en série de pièces semblable, la main qui les façonne est toujours différente, quand bien même elle est attachée au même bras. Alors parfois une forme sort du lot, plus tendue, plus simple, plus pur. A ce moment peut-être n’est ce plus toute à fais de l’artisanat mais une création artistique. Charge au voyageur, amateur ou collectionneur de reconnaître ces formes et de trouver dans ces séries l’objet qui sort du lot.



Surfant sur cette vague et profitant du fait que le Togo à été longtemps une des première destination touristique d’Afrique (jusqu’au dernière élections de l’été 2005, si l’on excepte les événement de 1992). On peut croiser bon nombre de peintres amateur, touche à tout, pas toujours dénués de talent d’ailleurs, mais qui produisent exclusivement à destination des touristes. Comme Prosper, guide, entomologiste et peintre naïf qui profite de ses visites guidées pour tenter de vendre ses « œuvres ».

Avec le « coup de force » de l’année dernière c’est toute l’industrie du tourisme qui s’est effondrée et avec elle les maigres revenus de toutes les petites personnes qui directement ou indirectement vivaient de la présence des touristes. Et l’augmentation du prix pétrole n’a rien fait pour arranger les choses, bien au contraire. Professeurs, gérants d’hôtels ou cafetier, ils sont nombreux à vivre avec moins de 12.000 CFA par mois (soit 18.29 Euros ou 23.1 Dollars US) et c’est déjà un bon salaire. Alors que pour faire les 120 Km séparant Kpalimé de Lomé il faut déjà compter 1.750 CFA pour s’entasser à dix, plus les colis, dans une minuscule camionnette appelé bus (taxi-brousse). Il y a moins d’un an le même trajet ne coûtait que 1.200 CFA. Par extension, l’évolution de cette pression financière sur tous les secteurs de l’activité économique rend les relations avec les touristes plus difficiles. En effet c’est la course au moindre CFA et les blancs représentent pour beaucoup une source de revenus non négligeable, voir leur seule source de revenus.


Pour voir toute les Photos du Togo :

- photos: Pierre capoue - Togo 2006

juin 2006 - Pierre Capoue

Aucun commentaire: